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Science et technique agricole

15/10/2024

Agriculture de précision : prioriser les besoins avant la technologie

Gilbert Grenier, expert en agriculture de précision, nous partage sa vision du sujet. 

Régulièrement définie par « la bonne dose, au bon moment, et au bon endroit », l’agriculture de précision émerge aux USA au début des années 90, bien que ses prémices remontent à 1930. Elle naît suite au besoin de mieux gérer les intrants, et à la prise en considération de la variabilité intra-parcellaire. Elle devient possible grâce à certaines avancées technologiques telles que les GPS, les SIG, ou encore les capteurs. 

Les débuts dans les années 80 

À cette époque, quatre verrous technologiques marquaient le secteur, selon M. Grenier : 

  • La localisation et le guidage (aujourd’hui maîtrisé grâce au GPS RTK+),
  • Les capteurs et les caméras (désormais résolu, notamment pour la sécurité), 
  • L’électronique et l’informatique embarquée, 
  • L’analyse du besoin des agriculteurs et la définition de l’architecture du système.

C’est ce dernier point qui manque à être développé selon Gilbert Grenier. En effet, l’approche actuelle quant aux besoins en agriculture de précision est parfois mal présentée, avec une focalisation excessive sur les technologies robotiques et non sur les véritables nécessités des agriculteurs. 

Prioriser les besoins avant la technologie 

En plus de ne pas assez prendre en considération les besoins des utilisateurs, M. Grenier observe une tendance à surcharger les robots de fonctionnalités multiples, rendant leur utilisation entre les champs et les exploitations agricoles trop complexe. Cette polyvalence excessive engendre des difficultés dans le développement et la gestion des robots. De plus, il critique le manque de considération pour le temps nécessaire à la maintenance, à la sécurité et à la gestion opérationnelle du matériel dans l’agriculture de précision. Une des réponses possibles serait donc de penser « organisation du travail » : temps passé sur chaque tâche, besoins et objectifs des fonctionnalités et données récoltées. 

Nous avons besoin d’outils, c’est essentiel, mais l’intérêt principal pour un agriculteur réside dans la compréhension des raisons sous-jacentes de leurs actions. Quel bénéfice peut-il en tirer ? La priorité doit avant tout être donnée aux questions agronomiques, plutôt qu’aux équipements matériels. C’est une démarche réfléchie. « Pour moi, l’agriculture de précision, c’est de l’agronomie assistée par ordinateur » poursuit Gilbert Grenier. 

Le volet budgétaire n’est pas à négliger non plus 

Par exemple, faire des relevés de sol avec un quadrillage trop espacé sur une parcelle risque d’omettre une zone qui vise à être traitée spécifiquement. Mais trop de relevés risquent d’invalider la rentabilité d’une telle démarche vis-à-vis de l’amélioration de rendement de la zone en question. 

Comparaison de deux densités de prélèvement. Le quadrillage en gras omet la zone qui demande un traitement spécifique.