Cultures
Passion
11/03/2025
Un champagne sans sulfite, sinon rien.
Rencontre avec les champagnes Rollin
UN PEU D’HISTOIRE…
Sandrine et Éric Braux sont des viticulteurs champenois et des entrepreneurs avisés. Ils cultivent un domaine de 7 hectares et demi aujourd’hui, à partir d’une exploitation familiale reprise en 2009. Dès 2012, l’exploitation est entrée dans une démarche raisonnée, zéro pesticide, sous le label Terra Vitis. Depuis 2021, l’exploitation est labélisée HVE (haute valeur environnementale) et VDC (viticulture durable en Champagne). champagnes Rollin
Le label HVE s’appuie notamment sur la préservation de la biodiversité, une stratégie phytosanitaire raisonnée, une gestion fine de la fertilisation et de l’irrigation. Leur exploitation est, de ce fait, engagée dans une production vertueuse, tout en prenant en compte les spécificités inhérentes au travail de la vigne.

« Pour se développer, il faut se singulariser » champagnes Rollin
En développant leur exploitation, Sandrine et Éric souhaitent se démarquer. Comme le précise Éric, « Quand on n’a pas un nom de domaine prestigieux en Champagne, il faut être capable de se différencier notamment par la qualité ». Ils choisissent alors d’être récoltants manipulateurs pour maîtriser la totalité de leur production. Et, poussés par les remarques de Sandrine sur le fait que le sulfite dans le vin blanc est souvent à l’origine de maux de tête, ils décident de vinifier sans sulfite.

Le « sans sulfite » demande beaucoup plus de travail
Produire du champagne sans sulfite demande une certaine exigence. Il faut maîtriser le processus de vinification en permanence. En passant de fûts de chêne à des cuves inox il y a des années, la profession a dû trouver le moyen de protéger le vin contre l’oxydation. Le sulfite a donc été une solution aisée et qui s’est vite répandue.
Le « sans sulfite » oblige, au contraire, à aller chercher des tanins naturels issus de la peau du raisin et dont le coût est très élevé. Il demande également d’être capable de maîtriser la présence d’oxygène en haut des cuves, qui se fait en y introduisant de l’azote, un gaz inerte qui permet d’en réduire complètement la présence.
Toutefois, ce processus nécessite un grand volume d’azote pour être appliqué. Dans un souci d’efficacité, Sandrine et Éric décident de produire eux-mêmes, localement, ce gaz inerte. Au-delà de suivre le processus en permanence, cette démarche n’a pu se faire qu’avec un investissement important de la part du couple.


Une démarche raisonnée et pédagogique
Les choix de la famille Braux s’inscrivent aussi dans une démarche plus large. Pour eux, s’il est important de faire le choix de la qualité, c’est aussi une question de débouché. En effet, même si l’appellation Champagne fait beaucoup rêver, d’autres vins pétillants ailleurs améliorent fortement leur production, il faut donc tirer son domaine vers le haut afin de profiter de l’attraction suscitée par les grands noms du secteur.
Au-delà de cette démarche, le couple est engagé dans une vinification parcellaire. La connaissance de chaque parcelle, cultivée majoritairement en pinot noir, permet de révéler des caractères singuliers entre cuvées. Le « sans sulfite » réduisant l’amertume du champagne, les 9 cuvées recèlent des notes fruitées et une typicité liée à chaque parcelle. C’est une façon d’enrichir l’appellation Champagne qui pourrait paraître parfois un peu uniforme, surtout pour le néophyte. Cette démarche pédagogique tournée vers le consommateur séduit, et l’exploitation trouve son débouché sur le marché français.
En regardant un peu vers l’avenir
Pour aller vers les consommateurs et les gastronomes, l’entreprise ne ménage pas ses efforts. En participant à de nombreux salons, ce qui représente un coût marketing additionnel, la démarche leur permet de transmettre aussi leur passion aux consommateurs.
Désormais, le couple regarde également vers l’international, sachant que ces débouchés sont contraignants et ne doivent pas les couper de leur clientèle fidèle. Cependant, l’équipe établit de premiers contacts, en se tournant toujours vers des marchés de gastronomes.
Passés de 8 000 bouteilles en 2009, à désormais 50 000, les champagnes Rollin sont un modèle de défense de la qualité et du savoir-faire français qui sait investir pour se développer.